Accueil > NEWSLETTER > Lettre d’information du CPN - Juin 2021 > Psychiatrie et Covid-19 - Nancy a porté une étude nationale évaluant un (...)
Psychiatrie et Covid-19 - Nancy a porté une étude nationale évaluant un dispositif unique au monde
Coordonnée par le Dr Daniela Dobre et le Pr Vincent Laprévote du Centre Psychothérapique de Nancy, l’étude, baptisée Covid/PSY, a rassemblé 350 patients accueillis dans 22 unités dédiées dans toute la France, avec l’appui du CHRU de Nancy, et vient d’être publiée dans le très réputé journal Psychological Medicine.
Dans le monde, seule la France a développé un tel dispositif à un niveau national. Ouvertes dès la première vague de la pandémie (entre mars et mai 2020) dans un grand nombre d’hôpitaux français, ces unités ont accueilli des malades psychiatriques atteints du Sars-Cov-2 et ayant besoin d’une prise en charge médicale. Le suivi était assuré par un double staff : psychiatrique et médecine générale.
Covid/PSY fait apparaître que :
Le taux de mortalité des personnes suivies était de 2% contre 8,5% dans les études américaines sur la même thématique. Tous les patients reçus dans ces unités ont pu bénéficier de soins intensifs ou de réanimation lorsque les équipes Covid/PSY le jugeaient nécessaire. Des chiffres qui pourraient témoigner de l’adaptation et de la réactivité des hôpitaux psychiatriques français.
Dans les services de psychiatrie, le pic épidémique a eu lieu une semaine après le pic national mais l’épidémie y a été plus longue à diminuer.
15% des patients étudiés ont présenté un syndrome confusionnel pendant l’épisode viral. Un syndrome neuropsychiatrique qui témoigne de l’atteinte du cerveau suite à l’infection au SarS-Cov-2 ou à la réaction inflammatoire associée. Ce syndrome confusionnel était prédictif d’un risque de mortalité augmentée.
Les personnes souffrant de dépression ou de troubles bipolaires dans le panel se sont révélées plus à risque de souffrir de syndrome confusionnel. Cela pourrait s’expliquer par un syndrome inflammatoire plus important chez ces patients.
Globalement, il est acté par les spécialistes que les personnes souffrant de troubles psychiques peuvent avoir des problèmes de santé physique associés qui atteignent parfois sévèrement leur espérance de vie. Depuis la pandémie, plusieurs études scientifiques ont montré que ces personnes étaient plus souvent infectées par le Sars- CoV-2 et avaient un risque de mortalité augmentée. L’enjeu est désormais le déploiement de la vaccination pour les personnes souffrant de troubles psychiatriques, comorbidités désignées comme prioritaires dans la stratégie vaccinale française.
*Etude rendue possible grâce à la Conférence des Présidents de Commission Médicale de Centres Hospitaliers Spécialisés, à la Coordination nationale des Recherches en Psychiatrie et en Santé mentale. Elle a bénéficié de l’aide de la fondation FondaMental pour le recrutement des patients.
Article disponible :
https://doi.org/10.1017/S0033291721001537