Les psychoses chroniques comme la schizophrénie peuvent constituer un fardeau très lourd pour les patients et leurs familles car elles surviennent à un âge jeune, lorsque les personnes sont en pleine réalisation de leur autonomisation familiale, de leur construction personnelle et professionnelle.

Les troubles psychotiques sont caractérisés par un retard aux soins de 1 à 5 ans dans un système de soins classique. La détection et l’intervention précoces permettent de diminuer ce retard et la durée de psychose non traitée, d’améliorer l’engagement dans les soins et d’influencer directement le pronostic de la maladie.

Le Centre Psychothérapique de Nancy a été l’un des premiers établissements français en mesure de proposer un centre de détection précoce dès 2017 : le CLIP (Centre de Liaison et d’Intervention Précoce). Construit en partenariat avec la Maison des Adolescents de Meurthe-et-Moselle, un établissement de l’OHS, il permet aux jeunes de 16-25 ans présentant un état mental à risque de psychose ou un premier épisode de psychose récent de bénéficier de soins personnalisés.

Le CLIP est porteur d’une vision résolument optimiste de la maladie et déstigmatisante. La prise en charge repose sur des soins ambulatoires intensifs, permettant un maintien du jeune dans la communauté et basés sur le case management. Les interventions y sont fréquentes et intenses, non centrées sur l’intervention médicale. Une très grande réactivité est nécessaire avec un premier rendez-vous donné en moins d’une semaine.

Les dernières recommandations internationales concernant l’intervention précoce mentionnent la nécessité de pouvoir commencer les actions de détection dès l’âge de 12 ans. C’est pourquoi le CLIP va évoluer dès février 2021, grâce à un financement du fond d’innovation organisationnelle en psychiatrie, avec l’ouverture d’un accès aux soins pour les 12-16 ans. Cette initiative est une première en France.

Le projet CLIP ado nécessite des compétences spécifiques de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent : deux infirmiers de pédopsychiatrie et une pédopsychiatre vont ainsi renforcer l’équipe. Cette synergie pédopsychiatrie/psychiatrie d’adultes est aussi une première au sein du CPN. La coopération des deux pôles (PGN et PUPEA) se formalise au sein d’un contrat inter-pôle précisant notamment les modalités de fonctionnement médical et non médical.

Cette dynamique pédopsychiatrie/psychiatrie d’adultes marque l’importance de s’inscrire dans une transversalité de nos compétences. Elle est une action forte de prévention de la psychose pour les jeunes de notre territoire.