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Quand la gérontopsychiatrie sort de ses murs
La société contemporaine s’interroge continuellement sur la place qu’elle accorde aux personnes âgées. Les prises en charge évoluent, les aides au maintien à domicile et à la réduction du risque de perte d’autonomie se développent…. La gérontopsychiatrie n’échappe pas à cette mouvance. L’Unité de Psychiatrie de la Personne Agée (U.P.P.A.) implantée au Centre Psychothérapique de Nancy a priorisé la mise en œuvre d’une prise en charge globale et personnalisée de la personne âgée, tout en tenant compte des spécifiés inhérentes à la pathologie psychiatrique.
Le contexte
Bien que contradictoire, l’augmentation de l’espérance de vie est liée à la sénescence. Ce phénomène, linéaire et croissant, occupe une place de plus en plus importante et est au cœur de nombreux débats. Le nombre de patients âgés, présentant des défaillances multiples non seulement somatiques mais également cognitives et relationnelles, s’accroit. Afin que le parcours de soins s’inscrive dans le parcours de vie, la priorité d’une prise en charge pluridisciplinaire demeure incontournable.
Une réponse de la gérontopsychiatrie
L’U.P.P.A. est un dispositif qui s’adresse aux personnes âgées de plus de 65 ans, qui présentent une pathologie psychiatrique spécifique du vieillissement. Ce dispositif a pour mission de s’inscrire dans la prise en charge globale de la personne âgée en coordination avec la filière gérontologique ainsi que tous les intervenants positionnés auprès de celle-ci.
L’U.P.P.A. regroupe :
L’hospitalisation complète
Elle se doit d’être autant que possible préparée et programmée. Cette entité a pour vocation d’accueillir des patients présentant des troubles psychiatriques d’apparition tardive tels que troubles anxieux, troubles de l’humeur, troubles délirants et troubles psychiatriques entrant dans le cadre de pathologies démentielles.
L’hôpital de jour
Cette structure accueille les patients présentant des troubles de l’humeur, des troubles anxieux avec ou sans troubles cognitifs associés ou encore en état de crise suicidaire. Il représente une alternative à l’hospitalisation complète, notamment par le biais de prise en charge intensive par un accueil quotidien. Le projet de soins s’articule autour de soins psychothérapiques et d’activités thérapeutiques de groupe et/ou individuelles.
L’Équipe Mobile et de Liaison de Psychiatrie de la Personne Âgée (E.M.L.P.P.A.)
Les missions de cette équipe sont d’assurer :
*Les interventions et les suivis à domicile : sur demande des médecins traitants, des médecins intervenant dans la prise en charge des patients, des réseaux gérontologiques.
*La prise en charge psychiatrique des patients en EHPAD et Foyers résidences.
* La Liaison psychiatrique : évaluation, proposition thérapeutique et lien post-hospitalisation dans les services de soins somatiques.
*L’intervention à domicile par la prévention et la gestion du risque psychique dans le cadre du dispositif P.A.E.R.P.A. (Personnes Agées En Risque de Perte d’Autonomie) en vue de la prévention du risque de perte d’autonomie et de favoriser le maintien à domicile.
*Le lien avec la filière gériatrique.
Le soignant dans un rôle d’équilibriste
Le respect du modèle bio-psycho-social sous entend la nécessité d’une prise en charge pluridisciplinaire. Le soignant en gérontopsychiatrie est un maillon fort et essentiel du système de soins. Il représente l’interface entre la médecine somatique, la psychiatrie et l’environnement de la personne âgée au sens large (famille, service tutélaire, assistantes sociales, aides à domicile…).
Un de ses objectifs est donc de créer du lien entre ces disciplines différentes afin de favoriser la mise en place d’un parcours de soins cohérent, s’intégrant dans le parcours de vie de la personne âgée. Proposer une intervention dans l’établissement somatique d’accueil, au lit du patient, prendre contact avec sa famille, faire partie de son réseau de soins, échanger avec l’équipe de soins qui le prend en charge peut permettre une atténuation de la souffrance psychique. Le soignant se trouve en équilibre instable : « ne pas prendre la place de… mais trouver sa place dans …, ne pas déplacer la dépendance du patient mais rester un maillon parmi d’autres, être force de proposition pour ne pas devenir une solution par défaut ».
En guise de conclusion
Force est de constater la nécessité de mettre en œuvre des prises en charge globales adaptées aux personnes âgées. L’image de la psychiatrie, bien qu’ayant évoluée dans l’esprit collectif, peut encore de nos jours se révéler négative, voire même être un facteur de méfiance ou un frein dans le parcours de soin. Ainsi, le dispositif de l’Unité de Psychiatrie de la Personne Agée au sein du CPN, permet à la psychiatrie de sortir de ses murs grâce à un panel d’interventions aisément mobilisables dans le temps et l’espace. Le soignant, avec ses compétences spécifiques et son expertise psychiatrique, favorise l’émergence de réponses innovantes et personnalisées, centrées sur les besoins de la personne.
L’équipe soignante de l’U.P.P.A.