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Le confinement : un révélateur des déterminants sociaux de la santé mentale
Incertitudes et vies suspendues
Pour les Japonais, le mot crise est constitué de deux idéogrammes Wei (danger) et Ji (opportunité).
Le danger lié à la pandémie de la COVID 19 a entrainé le confinement et l’obligation d’observer une distanciation sociale et physique par l’ensemble de la population. Ces mesures sont venues percuter nos libertés individuelles, nos fonctionnements collectifs et notre santé mentale.
En effet, notre santé mentale est largement influencée par les conditions dans lesquelles nous vivons autrement appelées « déterminants sociaux de la santé mentale ». Ainsi, nos conditions de travail et de revenu, d’éducation, de logement, l’existence et la qualité de nos relations sociales sont autant de déterminants influençant notre état de bien-être psychique et émotionnel. Autant de facteurs que le confinement et la mise à l’arrêt du pays sont venus perturber.
Nous avons pu éprouver et observer de la peur, des paniques, des frénésies, et des réactions en conséquence, tels les achats irraisonnés de denrées dites essentielles face à une hypothétique pénurie.
Il y eut également le besoin de relations sociales et d’échanges, l’adaptation au changement pour certains, les difficultés à faire face pour d’autres, la peur de l’après, la débrouille, les solidarités, si fondamentales, et la mise en lumière des inégalités sociales et territoriales de santé déjà existantes et que cette pandémie ne fera qu’accentuer.
Prise de conscience globale
Cette crise marque un tournant majeur pour la considération de la santé mentale et la compréhension des facteurs qui l’influencent. Nous avons toutes et tous une santé mentale, elle est une préoccupation majeure qui a été mise à l’épreuve : nous en avons pris conscience en tant que citoyen, en tant que parents télé-travaillant tout en assurant la continuité pédagogique de nos enfants, en tant que personne confinée avec la violence intrafamiliale, en tant que personne privée d’intimité dans l’extrême rapprochement du partage de 55 m2 à 7 personnes, en tant que proche de personnes atteintes par le virus ou ayant perdu la vie, en tant que professionnel.le de santé ayant eu à prendre en soins des personnes malades au sein d’un service de réanimation sous tension.
Nous avons toutes et tous une santé mentale qu’il est possible de promouvoir. Et, parce que nous ne sommes pas égaux en termes de réseaux de soutien, de capacités et de compétences pour la maintenir et la favoriser, il est absolument nécessaire que chacun apporte sa pierre à l’édifice du bien-être collectif.
Le temps du « JI »
Des opportunités sont à saisir afin de favoriser la capacité d’adaptation de la population au changement social rapide et sa résilience face à l’incertitude, la contrainte, l’imprévu. L’action sur les facteurs protecteurs de la santé et du bien-être social, en d’autres termes la promotion de la santé mentale, prend tout son sens. Cette action s’ancre au sein d’un territoire de proximité et repose sur la participation de toutes et tous :
Elus : en agissant via des politiques publiques limitant les impacts socio-économiques de la crise sur la santé des citoyens en veillant particulièrement aux populations les plus vulnérables ;
Etablissements et services sanitaires, sociaux et médico-sociaux : en s’engageant dans des dynamiques de partenariat et en favorisant l’accessibilité à l’offre de services ;
Professionnel.les du soin et du social : en identifiant les ressources locales en santé mentale pour améliorer l’orientation des personnes, en favorisant un accompagnement tenant compte des savoirs, des compétences et des capacités des personnes ;
Milieu associatif, citoyens : en cultivant les solidarités, en étant attentif et à l’écoute de ses concitoyens, sans oublier d’agir pour sa propre santé mentale.
Lydia BOUKHETAIA
Responsable
Département de Promotion de la Santé Mentale et de Prévention