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3ème Journée de Promotion de la Santé Mentale - 14 novembre 2019 - Retour sur une journée dédiée à la citoyenneté.
Pour la 3ème année, le Département de Promotion de la Santé Mentale et de Prévention (DPSMP) du CPN a organisé sa Journée de Promotion de la Santé Mentale (JPSM) jeudi 14 novembre 2019 au Domaine de L’Asnée.
Cet évènement annuel qui invite les participants à « s’asseoir pour se regarder marcher » avait pour thème : « Participation citoyenne en santé mentale : réalité et perspectives » et a rassemblé 300 citoyens.
La participation de tout un chacun est inscrite comme un des fondements de la promotion de la santé. Cependant, il est essentiel de prendre conscience qu’elle ne peut émerger que si les environnements sont favorables à son expression.
Mais, savons-nous seulement définir cette participation ? Et pourquoi mettre en place des démarches participatives en santé mentale ?
Cette 3ème JPSM proposait d’apporter des éléments de réponses à ces questions en invitant tout d’abord le public à la réflexion philosophique avec Alain GUYARD.
Puis, la journée a été découpée selon les niveaux de participation : information, consultation, implication et partenariat / co-construction. Chaque niveau étant illustré par des expériences issues des milieux associatif, sanitaire et social.
Par son exposé intitulé « L’important est-il vraiment de participer ? » Alain GUYARD nous a proposé d’explorer des notions fondamentales à la réflexion : la Discipline, l’Emancipation et le Contrôle.
La Discipline parce qu’il s’agit d’être conscient que les institutions l’instaure via les environnements de vie qu’elles organisent pour nous. Bien que sécurisant pour certains, pour d’autres cela entraîne contestation et revendication du droit à participer à cette organisation.
L’Emancipation parce qu’elle correspond à la capacité de l’individu à s’affranchir des règles définies par l’institution pour lui, elle est fondamentale à la participation.
Le Contrôle puisque c’est dans un cadre mis en place par les institutions que la participation des citoyens et son expression s’inscrivent. On questionne alors le caractère libre de cette participation possiblement contrainte par la complexité et les règles du système.
Une fois ces bases philosophiques posées, nous avons pu explorer les différents niveaux de participation.
L’information, premier niveau « descendant » mais indispensable aux autres étapes, a été illustrée par le Psycom et le Centre Ressources Psychiques d’Ile-de-France. L’information est un tremplin nécessaire (mais pas suffisant) offrant aux personnes des outils leur permettant de devenir actrices de leur santé. Ces informations doivent être fiables, adaptées et accessibles.
La consultation correspond à l’expression d’avis de personnes et/ou de groupes sur un sujet précis. Le DPSMP a souhaité consulter les adhérent.e.s de l’association ESPOIR 54 et de Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM) de Meurthe-et-Moselle sur leur perception de la citoyenneté lorsque l’on est concerné par un trouble ou un handicap psychique. Pour le groupe, c’est avoir des droits et des devoirs comme tous les citoyens français mais c’est également pouvoir avoir une place active au sein de la société.
Cependant, cela est souvent empêché du fait de la stigmatisation des troubles psychiques et de l’auto-stigmatisation développée : « quand tu passes les portes de l’hôpital psy t’es plus un citoyen, enfin si mais on t’écoute plus ». Pour donner de l’espoir, les adhérent.e.s évoquent des façons concrètes d’exercer sa citoyenneté tout en favorisant son épanouissement social : devenir bénévole (resto du cœur, etc), participer à des actions dans le cadre de GEM (entraide ; participer à des actions de formation, de sensibilisation, etc.).
Les membres du conseil citoyen de Tomblaine quant à eux, ont consulté les habitants de leur quartier sur l’accès à la santé et les facteurs de leur bien-être. Les conclusions de cette consultation seront partagées avec les acteurs locaux (professionnels de santé, du social, association, etc.) afin d’élaborer des pistes d’actions communes. Quand les citoyens sont promoteurs de santé.
Par l’implication, on insiste sur la coopération, le processus de production d’un travail collectif. Le public est impliqué dans une relation réciproque et l’on tient compte de ses contributions dans la prise de décision.
Le Conseil Rennais de Santé Mentale (CRSM) et le dispositif PASSVers sont des exemples de ces dynamiques où la parole des usagers du système a un poids dans les prises de décision qui les concernent directement.
Ainsi, le CRSM a mis en place un groupe de travail dédié à la participation des usagers co-piloté par un usager et une professionnelle. Le groupe a partagé avec le public une liste de « petits trucs » pour augmenter et améliorer la participation citoyenne des usagers : partir de leurs préoccupations ; faire des pauses durant les réunions ; simplifier le langage souvent trop « technocratique » ; prendre en compte la spécificité psychique et le rythme des usagers (…).
PASSVers, dispositif d’accompagnement socio-sanitaire orienté vers le rétablissement des personnes est porté par un CMP de Versailles en collaboration avec des services sociaux de droit commun. Le décloisonnement des structures sanitaires et sociales vise ainsi à favoriser l’accompagnement des patients vers la citoyenneté ou pour maintenir l’insertion sociale des plus jeunes. C’est un projet de vie qui est co-construit avec le patient et ses proches.
Le partenariat et la co-construction sont les formes les plus abouties de la participation citoyenne. L’association des personnes se fait dès le démarrage des projets. Chaque partenaire est au même niveau et peut exercer son pouvoir décisionnaire, son pouvoir de dire, de contredire.
Dr LEFEVRE de l’Institut Renaudot, fort de son expérience en santé communautaire, a proposé une réflexion quant au nécessaire travail sur sa posture professionnelle. En effet, co-construire et s’appuyer sur une initiative citoyenne c’est déranger les habitudes et mettre en cause des formes de pouvoirs établis. Ainsi, penser son rapport à l’altérité, à nos objectifs commun, nos rôles dans l’atteinte de ces objectifs, à notre pouvoir et notre capacité à le partager, à la reconnaissance du savoir de l’autre sont autant de sujets et de questionnements qui détermineront la réussite de dynamiques partenariales.
Mmes LAURENT et GINESTE, Présidente et salariée du GEM La Maison Bleue de Perpignan, ont témoigné de leurs parcours et de leur engagement quotidien pour la citoyenneté des usagers de la psychiatrie. Elles ont insisté sur l’importance de l’engagement en santé mentale et de la considération indispensable de l’éclairage des usagers dans les grandes orientations. Les usagers sont à la fois les acteurs ET les bénéficiaires du système. Par leur mobilisation, les adhérents du GEM veillent à conserver leur autonomie par rapport aux acteurs institutionnels. Une prise de parole forte.
Enfin, les membres et bénévoles du Réseau d’Echanges de Compétences et de Services du Lunévillois, du réseau « Vers toi Vermois » et de l’association l’Envol ont mis en lumière des dynamiques de groupe basées sur l’accueil sans conditions, les échanges d’égal à égal et la valorisation des compétences et des capacités des personnes. Ce sont autant de pré-requis à la réalisation du pouvoir d’agir des personnes et au renforcement de leur sentiment d’utilité sociale. Ces réseaux sont alors des outils permettant de s’impliquer dans la vie sociale et locale, des outils favorisant le mieux être psychique.
La richesse de cette 3ème JPSM démontre que la participation des usagers - personnes concernées directement et indirectement par un trouble psychique ne peut plus être considérée comme optionnelle dans nos institutions, nos services, nos pratiques et nos dispositifs de santé territoriale. L’enjeu de la participation est bel et bien de ne plus faire « à la place de » mais, autant que faire se peut, « de faire ensemble ». Il s’agit de donner la parole aux citoyens que nous accompagnons et de reconnaître qu’ils sont des acteurs à part entière des politiques et projets qui leurs sont destinés.
A retenir : la 4ème Journée de Promotion de la Santé Mentale se tiendra en novembre 2020.
Lydia BOUKHETAIA
Coordinatrice
Département de Promotion de la Santé Mentale et de Prévention